Résumé
L’histoire des relations d’attraction et de répulsion entre le droit et les mathématiques forme un écheveau embrouillé. Surtout depuis le 16èmesiècle, les deux disciplines ont constamment entretenu des liens, notamment, à la faveur de la résolution de questions précises touchant le droit des assurances, les contrats aléatoires, la barémisation des dommages ou encore le droit de la preuve. Par-delà ces interactions ponctuelles, le projet d’un droit élaboré, voire formalisé et mis en œuvre, sur le modèle et au moyen des mathématiques n’a cessé d’habiter les rêves des juristes, des ingénieurs et des réformateurs, depuis les premières grandes tentatives de reconstruire le droit more geometrico. Pourtant, en dépit des efforts répétés pour le ressusciter, le projet d’un tournant mathématique du droit est resté essentiellement lettre morte. Les choses pourraient toutefois bien être en train de changer.
Les potentialités des nouvelles technologies et de l’intelligence artificielle dans un monde hyper-connecté nourrissent les initiatives visant à construire un droit SMART, à savoir, un droit Scientifique, Mathématique, Algorithmique guidé par le Risque et les Technologies. Celui-ci réaliserait enfin le potentiel d’un tournant mathématique du droit en promettant un droit efficace, informé par la réalité, garant de la sécurité juridique et d’un nouvel idéal de gouvernement par les lois et non par les hommes. Dans cette conférence, Gregory Lewkowicz et David Restrepo Amariles soumettront cette promesse du droit SMART à l’épreuve de l’état de droit en s’appuyant sur des exemples concrets issus du droit des contrats, du droit financier, du droit fiscal et des droits fondamentaux.