S’il y a une leçon à tirer de la controverse ayant entouré les organismes génétiquement modifiés (OGM), c’est que le débat s’est fait aux dépens de cette nouvelle technologie. En dépit de leurs promesses, les OGM ont été pourfendus principalement parce qu’ils sont le symbole de l’agriculture intensive. Ainsi, à travers la lutte contre les OGM nous avons assisté au procès du modèle industriel de la production agricole. S’il fallait tirer une seconde leçon de la polémique portant sur les OGM, alors celle-ci devrait obligatoirement porter sur la gestion du risque. Marquée du triple sceau de l’incertitude ayant trait à l’évaluation scientifique du risque, de la complexité suscitée par la multitude des facettes du problème et des conflits de valeurs sous-tendant l’acceptabilité de cette nouvelle technologie, la question des OGM est vite devenue ce que les experts du domaine de l’administration publique appellent un problème épineux (wicked problem) de politique publique. S’il est malaisé de fournir la recette indéniable du succès dans la résolution de tels problèmes, un certain nombre de constats peuvent être tirés de l’analyse du cadre réglementaire applicable à l’autorisation des OGM au Canada. Ceux-ci, loin de correspondre à des pratiques exemplaires, illustrent plutôt ce qui ne devrait pas être fait. En effet, trois facteurs pointant l’insuffisance de la réponse donnée par le Canada au problème épineux des OGM peuvent être identifiés. Il s’agit de la négligence de la conception élargie du risque ; de la méconnaissance vis-à-vis des trois cadres conceptuels de l’acceptabilité du risque ; et du manque de transparence dans la prise en compte des préoccupations sociétales. Tous ces éléments mettent en lumière différents états du risque dont il importe pourtant de se soucier dans un contexte de gestion appropriée du risque.